JEAN-CLAUDE BRISSEAU: LES ANGES EXTERMINATEURS
MERCREDI 4 AVRIL
à HORS-CIRCUITS
4 rue de Nemours
75 011 Paris (m° parmentier/oberkampf)
 
Hors-Circuits et Blaq Out vous convient le mercredi 4 avril 2007 de 19 h à 20 h à une rencontre avec le cinéaste
Jean-Claude Brisseau à l'occasion de la sortie en DVD des Anges exterminateurs
 
à 19h, discussion avec Jean-Claude Brisseau, présentation du film.

 

le film
 
François, un metteur en scène, s’apprête à tourner un film policier.
Au moment des essais pour une courte scène de nu avec une comédienne, il découvre le plaisir que peuvent éprouver certaines femmes en transgressant de petits interdits érotiques.
Poussé par le désir d’apporter quelque chose de nouveau dans le cinéma, il décide de tenter le tournage d’un film mi-fiction, mi-réalité tournant autour de ce qui se révèle de façon inattendue une énigme et un tabou : les petites transgressions qui amènent au plaisir.
Sa recherche dans le domaine érotique le confronte à des questions de fond, auxquelles tout comme Icare s’approchant du soleil, il va se brûler les ailes.
Avec Frederic Van Den Driessche, Maroussia Dubreuil (2006)
 

le DVD
 
Les Anges exterminateurs de Jean-Claude Brisseau
 
BONUS : «LE cinéma selon Brisseau»: entretien avec Jean-Claude Brisseau et Lisa Garcia, par Philippe Rouyer/ Scène alternative/ Bande-annonce/ Chapitrage
 
LANGUES : version originale en français en DTS 5.1 et Dolby Stéréo 2.0 / SOUS-TITRES : anglais / portugais
 
ZONE 2 / DVD 9 / PAL / Durée 1h40 / Couleur / Format image 1.37 / Ecran 4/3
 
Prix conseillé : 23 euros
 
le site de Blaq Out
 

 
ENTRETIEN AVEC JEAN-CLAUDE BRISSEAU
 
Qui sont les anges exterminateurs du titre ?
 
J’ai cherché un titre pendant un certain temps. Au début du projet, le premier titre était Portraits nus. À un moment, j’ai voulu appeler le film Le Fruit défendu mais le titre était déjà pris. Ensuite, il y a eu No Man’s Land. Finalement, j’ai choisi Les anges exterminateurs mais j’avais un peu peur parce que ça fait un peu Buñuel !
Mais c’est aussi une référence biblique. Finalement, j’ai maintenu ce titre. Tout le monde va penser que ces anges exterminateurs sont les deux apparitions mais pour moi ce n’est pas exactement ça. C’est tout un ensemble. Il n’y a pas de signification unilatérale, elle est multiple.
 
Considérez-vous que Les anges exterminateurs s’inscrit dans la continuité directe de votre film précédent, Choses secrètes ?
 
Non, pas vraiment. A la base, le projet de Choses secrètes était de faire un film qui mélange fiction et réalité, où je reprenais le type de travail que j’avais fait dans un film super-huit, La croisée des chemins, en 1975. Finalement, le film ne s’est pas fait. Mais ce qui m’intéressait aussi, c’était de filmer la sexualité en la mélangeant avec d’autres genres. Le point de départ de Choses secrètes, c’était d’utiliser le sexe, ou plus exactement l’émoi sensuel, comme Hitchcock utilisait la peur. J’ai eu l’idée de faire Les anges exterminateurs lorsqu’on m’a proposé, juste après la sortie de Choses secrètes, de tourner un film semi-improvisé.
J’ai choisi de faire un second film qui tourne autour du sexe mais cette fois-ci en le mélangeant à des éléments surréalistes, poétiques, semi-comiques et fantastiques.
Je voulais aussi reprendre ce mélange de fiction et de documentaire que je n’avais pas pu pratiquer au momentde Choses secrètes. A l’époque, j’avais tout de même écrit 80 pages de scénario. Ensuite, les histoires judiciaires ont commencé. J’ai un peu changé de point de vue et j’ai écrit un scénario complet qui a fini par aboutir à celui des Les anges exterminateurs.
 
choses
 
Le film s’est fait grâce au financement de CinéCinéma et de l’Avance sur recettes. Le seul vrai rapport entre Choses secrètes et Les anges exterminateurs, c’est que, dans les deux films, j’insère des séquences érotiques dans une dramaturgie plus large. J’ai le sentiment d’avoir été encore plus loin dans Les anges exterminateurs.
Mon seul orgueil de cinéaste c’est d’essayer de trouver des choses qui n’ont pas été encore faites au cinéma. Je me suis rendu compte que le sexe est une zone quasiment-vierge. Et j’ai eu envie de m’y engouffrer avec tous les risques que ça peut comporter, si ce n’est que je n’avais pas une conscience si claire du type de risques. Je pensais qu’il y avait des risques critiques. Je ne pensais pas aux autres. Cela dit, dans Les anges exterminateurs, il y a des séquences qui peuvent rappeler dans une certaine mesure Choses secrètes. Notamment, celle du restaurant avec les deux filles, dans laquelle j’ai essayé, comme dans Choses secrètes, de créer un suspense à partir du sexe. Au total, Les anges exterminateurs est construit sur une ligne dramatique que j’ai voulu simple en apparence mais qui est, en fait, plus complexe qu’elle en a l’air.
Une des grandes différences entre les deux films, c’est queLes anges exterminateurs se déroule dans un cadre lié au cinéma…
 
de bruit
 
Ce qui m’intéressait n’était pas exactement de faire un film sur le cinéma. Au fond, même si on parle sans arrêt de sexe dans la société, en réalité, cela reste un vrai tabou. Quand j’ai fait De bruit et de fureur, je me suis heurté déjà à un premier tabou, celui de la délinquance. Le scénario a été écrit à la fin des années 1970. A l’époque, parler de la délinquance revenait à être catalogué lepéniste. Faire ce film a rompu un certain tabou, même si ce n’était pas un film social au sens étroit.
Cette fois, il s’agissait du tabou du sexe. Je me suis rendu compte que la meilleure chose à faire était d’utiliser une partie de l’expérience que j’avais eu pendant dix ans pour le film. Pour tous les films, le point de départ est toujours lié à certaines de mes expériences. Mais la plupart des personnages sont, en général, le fruit de la condensation de deux ou trois personnes qui existent réellement mais que je transforme. Pour Les anges exterminateurs, j’ai fait la même chose. Le personnage du metteur en scène n’est qu’en partie moi. Deux tiers du personnage sont liés à d’autres modèles. Extérieurement, j’ai laissé l’acteur, Frédéric Van Den Driessche, copier sur moi. Exactement comme Bruno Cremer l’avait fait pour Noce blanche. Du coup, bon nombre de gens ont cru que le personnage de Cremer, c’était moi. Alors que ce n’était pas le cas. Je n’ai jamais eu d’histoire avec une de mes élèves. Quand j’écris, je me mets dans la peau de tous les personnages sans exception. Et je réutilise certains aspects de mon expérience. La plupart de mes films tentent en fait de transposer sur un plan cinématographique et émotionnel certaines de mes interrogations sur le sens de la vie.
 
noce
 
Les anges exterminateurs n’a pas échappé à cette règle, si ce n’est que cette fois-ci c’était lié au sexe et au tabou qui l’entoure. Comment se fait-il que le sexe soit lié à l’interdit depuis des millénaires ? C’est ce tabou indirect et parfois violent autour du sexe qui a été le point de départ des Les anges exterminateurs.
 
Le personnage du metteur en scène dit, à plusieurs reprises, qu’il cherche à percer le secret des filles qu’il rencontre pour son film. Mais au fond, à la fin, ce secret demeure inatteignable.
 
Absolument. Le personnage dit d’ailleurs qu’il est probablement à la poursuite du vent. Je pense d’ailleurs que tous les humains courent derrière des leurres ou des ombres. D’où la tragédie humaine. Mon oncle citait toujours Musset qui a écrit quelque chose comme “Rêves de bonheur, vous êtes le seul bonheur d’ici bas.” C’est quelque chose que je partage à 90 %. Le personnage du metteur en scène, dans Les anges exterminateurs, court après quelque chose qui lui échappe sans cesse.
C’est inhérent à la vie humaine. On m’a demandé pourquoi j’avais choisi un personnage de metteur en scène. Je me suis posé la question de prendre un autre personnage, un médecin, un psychanalyste, un don juan mais, alors, ce ne sont plus les mêmes enjeux, ces personnages n’ont pas accès aux mêmes choses. Si, par exemple, je prenais un libertin comme personnage principal, je risquais de refaire Choses secrètes et je n’en avais pas envie. Le fait que l’histoire soit située dans le cinéma permet aussi de concentrer les enjeux existentiels et professionnels.
 
Peut-on considérer que ce film est une fable sur le cinéma ?
 
Le cinéma est là puisque le personnage veut faire un film et que les filles veulent être actrices. Mais ce n’est pas un film sur le cinéma. Dans des films que j’aime énormément comme Le mépris ou Huit et demi, le cinéma est en jeu pour lui-même. D’où la fameuse phrase du Mépris : “Le cinéma substitue à notre regard un monde qui s’accorde à nos désirs.”! Dans le film de Fellini, les problèmes du cinéma et de la création sont directement posés. Toutes proportions gardées, ce n’était pas là mon propos. Dans Les anges exterminateurs, le cinéma est un prétexte, tout simplement le cadre le plus pratique pour cette fiction-là. Je n’ai pas traité, du moins consciemment, du cinéma en tant que tel. Ce sont des personnages qui courent après des rêves et dans le cinéma, c’est plus facile qu’ailleurs. C’est une zone plus évidente.
C’est aussi dans le cinéma que les pulsions de type exhibitionniste ou voyeuriste sont les plus fortes. Je pense que tous les comédiens sont plus ou moins exhibitionnistes, ce qui n’est pas péjoratif. S’ils n’étaient pas exhibitionnistes, il vaudrait mieux qu’ils changent de métier. Je pense que tous les metteurs en scène, en particulier ceux qui sont auteurs, sont aussi plus ou moins voyeurs. Ils sont obligés de regarder les êtres, d’observer les gens qui sont autour d’eux, de les regarder vivre, tout en les aimant. Si vous détestez regarder la vie des gens, ce n’est pas la peine d’être metteur en scène.
 
Y a t-il une part de désenchantement dans ce film ?
 
Le cinéma m’a permis de tourner des films et de tenter des expériences. J’ai eu de la chance, aussi avec la critique. J’aime l’acte de création. Mais le monde du cinéma en tant que milieu beaucoup moins. Quand je suis entré dans le cinéma, c’était Alice au pays des merveilles. Mais j’ai vite déchanté et j’ai été désillusionné. Mais, après tout, c’est pareil pour la vie. Le film s’inscrit effectivement dans un certain désenchantement. Mais c’est présent dans la plupart de mes films.

jeu
 
(propos recueillis par Thierry Jousse -extraits)
 
 
les anges affiche
 

 
filmographie
 
céline l'ange
les savates
 
1975 La croisée des chemins
 
1978 La vie comme ça
 
1980 Il inaugure la série « La Télévision de Chambre »
produite par l’INA avec Les ombres
et met en scène L’échangeur (26’)
 
1982 Un jeu brutal
 
1988 De bruit et de fureur
 
1989 Noce blanche
 
1992 Céline
 
1994 L’ange noir
 
1999 Les savates du bon dieu
 
2002 Choses secrètes (en location au vidéoclub)
 
2006 Les anges exterminateurs
 

 
les anges 1
 

 
les anges 2
 

 
les anges 3
 

 
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biographie
 
Né à Paris en 1944 dans un milieu ouvrier, Jean-Claude Brisseau a été pendant vingt ans professeur de français dans des classes de perfectionnement et de collèges en banlieue parisienne. Il pratique alors en parallèle le cinéma en amateur, et réalise en super 8 La croisée des chemins. En 1975, ce film est remarqué par Eric Rohmer dans un festival de films amateurs. En 1978, il tourne pour l’INA La vie comme ça, film sur la violence dans les cités, en l’occurrence Bagnolet, qu’il connaît pour y avoir enseigné.
Puis, pour l’INA toujours, il tourne un prototype pour la série « Télévision de chambre » : Les ombres ; il réalise ensuite un court métrage de vingt-cinq minutes, L'échangeur, au sein de la série « Les contes pour enfants ».
Après la diffusion des Ombres à la télévision, Louis Skorecki écrit un article dans Libération qui lui permet d’entreprendre ses films suivants.
 
Jean-Claude Brisseau, qui aime utiliser des acteurs à l’image publique forte, donne à Bruno Cremer les rôles principaux des trois films qu’il tourne dans les années 80 : Un jeu brutal en 1982, De bruit et de fureur en 1988, sur la relation de deux adolescents en perte de repères dans une banlieue parisienne de plus en plus difficile, qui recevra le prix Perspectives du cinéma français et le prix de la jeunesse à Cannes, malgré son interdiction aux moins de dix huit ans en salles ; et enfin Noce blanche en 1988, où il incarne un professeur de français qui tombe sous le charme d’une jeunes élève cynique et désillusionnée, interprétée par Vanessa Paradis. Ce film sera alors son plus grand succès dans les années 80 avec plus d’un million de spectateurs.
 
Alors qu’on attend de lui un autre succès « à la Noce blanche », il réalise comme il le dit « un petit film expérimental » métaphysique et mystique, Céline en 1992 avec Isabelle Pasco et Lisa Hérédia .
En 1994, sort L’Ange noir avec Sylvie Vartan, Michel Piccoli et Tchécky Karyo . Il réalise en 2000 Les savates du bon Dieu, comédie romantique qui tranche quelque peu avec ses films précédents .
En 2002, Choses secrètes, certainement l’un de ses plus beaux films, décrit l’ascension de deux jeunes femmes au sein de la hiérarchie d’une entreprise, via leur pouvoir de séduction. Au-delà des rapports dominants- dominés, Brisseau, cinéaste de la transcendance et de la grâce, s’intéresse au mystère du plaisir et de la jouissance féminine.
Alors en plein déboires judiciaires (des comédiennes se sont plaintes de harcèlement sexuel durant des essais), sort en 2006 Les Anges exterminateurs, film gigogne mêlant les genres, construit autour de la fascination qu’exerce l’origine du plaisir féminin.
 

 
les anges 7
 

 
les anges 8
 

 

Une rencontre organisée par l'association ZU.

 
 
 
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Tél : 01 48 06 32 43
E-mail : info@horscircuits.com
 
 
 
 
 

 

 
 
 
 
 

 

 
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