MASAO ADACHI: LE BUS DE LA RÉVOLUTION PASSERA BIENTÔT PRÈS DE CHEZ TOI
ECRITS SUR LE CINÉMA, LA GUÉRILLA ET L'AVANT-GARDE (1963-2010)
PREFACE DE NAGISA OSHIMA
éditions Rouge profond, octobre 2012
 

le livre
 
« En tant que créateurs, nous possédons d’une part la fermeté, la ténacité et l’hétérogénéité du corail et, de l’autre, la capacité de croissance des plantes héliotropes. » (1967)
 
Cinéaste révolutionnaire en lutte contre l’impérialisme, Masao Adachi a rédigé de nombreux écrits accompagnant son trajet engagé, dont presque trois décennies se déroulèrent dans la clandestinité et une part en prison : manifestes, chroniques, journaux, comptes rendus de livres, analyses d’œuvres fraternelles (Kôji Wakamatsu, Nagisa Ôshima, Jean-Luc Godard, Glauber Rocha, Jonas Mekas, R. W. Fassbinder…). Il s’y déploie une théorie de l’art comme action et réciproquement une théorie de l’activisme soucieuse d’expérimenter en toutes choses et en tous lieux : dans les rapports avec autrui, dans les gestes de luttes, dans les usages de la langue. Rarement trajet de cinéaste fut plus radical, inventif et fidèle à ses idéaux d’émancipation.
Auteur d’éblouissants diamants noirs (A.k.a Serial Killer, Prière d’éjaculation…) et du film « le plus offensif de l’histoire du cinéma », selon ses propres termes (Armée rouge/FPLP : Déclaration de guerre mondiale), Masao Adachi reste à ce jour interdit de sortie de territoire au Japon.
 
« Je ne me considère pas moi-même comme un hérétique. Mais si l’on observe objectivement la place de mes œuvres, du point de vue de leur contenu, on peut les situer dans les extrêmes. » (2010)
 
Masao Adachi
Masao Adachi dans Il se peut que la beauté ait renforcé notre résolution de Philippe Grandrieux, 2011.
 

Masao Adachi: Le bus de la révolution passera bientôt près de chez toi. Ecrits sur le cinéma, la guérilla et l'avant-garde (1963-2010). Edition établie par Nicole Brenez et Gô Hirasawa.Traduit du japonais par Charles Lamoureux. Editions Rouge Profond, 2012, 256 pages, 23 euros
 
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> lire un extrait de la postface du livre par Nicole Brenez >par ici
 
> lire la lettre vidéo de Masao Adachi projetée à la Cinémathèque française en février 2011 >par ici

 
Masao Adachi
Masao Adachi sur le tournage du Bol, 1961
 
Masao Adachi
Galaxy de Masao Adachi, 1967
 
Masao Adachi
Avortement de Masao Adachi, 1966
 

Masao Adachi Filmographie
scénariste pour autrui
 
1966 - Liaison déchirée (Hikisakareta jôji), de Kôji Wakamatsu.
1966 - Quand l’embryon part braconner (Taiji ga mitsuryô suru toki ; Embryo) , de Kôji Wakamatsu.
1967 - Histoire secrète de la violence au Japon – Le sang des anormaux (Nihon bôkô ankoku-shi, Ijôsha no chi) , de Kôji Wakamatsu.
1967 - Vagabond du sexe (Sei no Hôrô ; Vagabond of Sex) , de Kôji Wakamatsu (coscénariste : Isao Okishima).
1967 - Sex Crime (Seihanzai) , de Kôji Wakamatsu (coscénariste : Isao Okishima).
1967 - Orgie (Rankô ; Orgy) , de Kôji Wakamatsu.
1967 - Les Anges violés (Okasareta Hakui, Violated Angels) , de Kôji Wakamatsu
1968 - Le Retour des trois soûlards (Kaette kita yopparai ; Three Resurrected Drunkards) , de Nagisa Ôshima (coscénaristes : Takeshi Tamura, Mamoru Sasaki, Nagisa Ôshima).
1968 - La Femme qui prête son ventre (Hara-kashi onna ; A Womb To Let) , de Kôji Wakamatsu.
1968 - Désir charnel (Nikutai no yokkyû) , de Kôji Wakamatsu.
1968 - Nouvelle histoire secrète de la violence au Japon – Le démon vengeur (Shin nihon bôkô ankoku-shi, Fukushû-ki ; Diary Stroy of a Japanese Rapist) , de Kôji Wakamatsu.
1969 - Journal d’un voleur de Shinjuku (Shinjuku dorobô nikki ; Diary of Shinjuku Thief) , de Nagisa Ôshima (coscénaristes : Takeshi Tamura, Mamoru Sasaki, Nagisa Ôshima).
1969 - Runing in Madness, Dying in Love, (Kyôsô jôshikô) , de Kôji Wakamatsu.
1969 - Go. Go Second Time Virgin (Yuke yuke nidome no shojo) de Kôji Wakamatsu.
1970 - Technique de l’amour : Kamasutra (Ai no tekunikku, Kamasutora) , de Kôji Wakamatsu.
1970 - Shinjuku Mad (Shinjuku maddo) , de Kôji Wakamatsu.
1970 - La Femme qui voulait mourir (Segura Magura, shinitai onna ; A Woman Who Wanted to Die) , de Kôji Wakamatsu.
1970 - Sex Jack (Sekkusu jakku) , de Kôji Wakamatsu.
1970 - Fête (Shukusai) , coécrit avec Isao Okishima. Projet avorté.
1970 - Histoire secrète de la violence au Japon – La bête haineuse (Nihon bôkô ankoku-shi) , de Kôji Wakamatsu.
1971 - Technique de l’amour 2 : acte d’amour (Zoku ai no tekunikku, ai no kôi) , de Kôji Wakamatsu.
1971 - Je suis mouillée (Watashi-ha nurete iru) , de Kôji Wakamatsu.
1971 - Plaisirs cachés (Himeka) , de Kôji Wakamatsu.
1971 - La Famille du sexe (Seikazoku) , de Kôji Wakamatsu.
1972 - L’Extase des anges (Tenshi no kôkotsu ; Ecstasy of the Angels) , de Kôji Wakamatsu.
 

films avec et sur Masao Adachi
 
- Ruban rose (Pinku ribon) , de Kenjirô Fujii, Japon/2004/118’/coul/vidéo
 
- Prisoners (Yûheisha-tachi)V, de Yutaka Tsuchiya/Japon/2006/83’/coul/vidéo (making-of de [T[Prisonnier/Terroriste)
 
- Children of the Revolution, de Shane O'Sullivan, Irlande-GB/2010/88’/coul/vidéo
 
- Il se peut que la beauté ait renforcé notre résolution. Masao Adachi ((It May Be That Beauty Has Strengthened Our Resolve - Masao Adachi) , de Philippe Grandrieux, France/2011/74’/coul/HD.
 
- L’Anabase de May et Fusako Shigenobu, Masao Adachi et 27 années sans images (The Anabasis of May and Fusako Shigenobu, Masao Adachi, and 27 Years without Images) , d’Éric Baudelaire, France/2011/66’/coul/Super-8 et HD.
 

 
Masao Adachi
Armée Rouge/FPLP : Déclaration de guerre mondiale, de Masao Adachi et Kôji Wakamatsu, 1971
 
Masao Adachi
Prisonnier/ Terroriste de Masao Adachi, 2005
 
 
Masao Adachi
 
Masao Adachi
 
L’historien Gô Hirasawa résume ainsi le parcours politique et artistique de Masao Adachi :
 
« Né à Fukuoka en 1939, Masao Adachi entre au Département des Beaux-Arts de la Nihon University en 1959, où il suit le cursus d’Etudes cinématographiques. Il participe à la restructuration du Nihon University Film Study Group – groupe en pointe non seulement dans le champ du cinéma universitaire mais dans le cinéma expérimental en général – et réalise dans ce cadre des films très remarqués à l’époque, Wan [Bowl, 1961] et Sa-in [Closed Vagina, 1963].
Simultanément, en association avec le VAN Institute for Cinematic Science, Masao Adachi travaille avec un grand nombre d’artistes, parmi lesquels Genpei Akasegawa, Takehisa Kosugi, Yasunao Tone, Yoko Ono, Sho Kazekura, et organise une performance intitulée Sa-in no Gi [The Ceremony of Closed Vagina]. Il collabore au Film Independent, projections collectives des travaux de cinéastes indépendants, puis rejoint Wakamatsu Production.
Tout en réalisant ses propres films, Masao Adachi écrit plusieurs scénarios pour Koji Wakamatsu, notamment : Quand l’embryon part braconner (1966), Histoire de la violence de l'underground japonais : le sang de l'homme étrange (1967), Réflexions sur la mort passionnelle d'un fou (1969), Sex Jack (1970). Il produit aussi de façon indépendante son Galaxy (1967). En 1968, il joue dans deux films de Nagisa Oshima : La Pendaison et Le Retour des trois soûlards. Il travaille pour Sozo-sha, la compagnie indépendante d’Oshima, et rédige le scénario du Journal du voleur de Shinjuku (1968). En 1969, avec Mamoru Sasaki, scénariste de la Sozo-sha, et Masao Matsuda, critique de cinéma anarchiste, il coproduit et coréalise Aka Serial Killer, un film constitué de plans des paysages qu’avait dû voir le serial killer Norio Nagayama.
En 1971, avec Oshima et Wakamatsu, Adachi est invité par la Semaine de la Critique au festival de Cannes. En rentrant au Japon, il décide de faire un détour par la Palestine et y produit un film de contre-information internationaliste, The Red Army/PFLP: Declaration of World War, coproduit par le FPLP et des membres de l’Armée Rouge Japonaise, parmi lesquels Shigenobu Fusako. Pour montrer le film, il met en place la “Red Bus Film Screening Troop”, qui voyage dans tout le Japon. En tant qu’activiste, Adachi a conçu et pratiqué plusieurs théories du cinéma, au sujet tant de l’esthétique que de la forme des projections.
En 1974, il quitte le Japon et se consacre à la Révolution palestinienne. Ses activités restent alors clandestines, jusqu’à ce qu’en 1997, il soit arrêté et incarcéré au Liban.
En 2001, Adachi est extradé au Japon où, après deux ans d’emprisonnement, il est libéré mais reste toujours interdit de sortie de territoire.
À présent, Adachi prépare un nouveau film intitulé Thirteenth Month of the Year et élabore une nouvelle théorie du cinéma. »
 

Masao Adachi Filmographie réalisateur
 
- Loth tué par ses deux fils (Roto wo koroshita futari no musuko)
Scénario seulement car projet de film avorté en 1966.
 
- Le Bol (Wan ; Bowl) du Nihon University Cinema Club, Japon/1961/25’/n&b/16mm.
Film allégorique sur la mort réalisé par Masao Adachi au cours de ses études.
 
- Vagin clos (Sain ; Closed Vagina) du Nihon University New Cinema Club, Japon/1963/56’/n&b/35mm.
Douleur d’un couple dont l’épouse souffre d’un vagin scellé. Le film s’inscrit dans la tradition de l’imagerie du Sang d’un poète de Jean Cocteau.
 
- Avortement (Datai ; Abortion) , Japon/1966/75’/n&b/35mm.
Second réalisateur après Atsushi Yamatoya à réaliser son premier long métrage commercial chez Wakamatsu Productions, Adachi met en scène un pink résolument atypique, traitant du sexe et de la reproduction. Dans le rôle du gynécologue délirant, on note la présence de Sadao Marukido (après Quand l'embryon part braconner de Kôji Wakamatsu) et l'emprunt fait par le film aux méthodes des films éducatifs sur la sexualité dans un style rappelant les geki-ga, ces mangas réalistes et violents des années 1960 et 1970.
 
- Révolution de la contraception (Hinin kakumei ; Birth Control Revolution) , Japon/1967/76’/n&b/35mm.
Nous retrouvons Sadao Marukido pour la troisième fois, campant ici un sexologue qui, prônant la dissociation totale du plaisir sexuel et de la reproduction, invente le moyen de contraception le plus radical qui soit : le "Marquis". Le laboratoire cinématographique VAN, où Adachi vivait et travaillait en communauté après l'époque du club de cinéma de l'Université Nihon, sert ici de laboratoire à l'inventeur.
 
- Galaxie (Gingakei ; Galaxy) , Japon/1967/75’/coul et n&b/16mm.
Une plage du Japon. Une panne de voiture. Tandis que les conducteurs s’affairent, un jeune homme se met à rêver et rencontre doubles, démons et figures tutélaires. « Je considère mon travail dans le champ du cinéma comme un processus pour me révolutionner moi-même», déclarera Adachi en 2008. Entièrement autoproduit par les anciens membres du club de cinéma de l'Université Nihon, Galaxie, avec son monde conceptuel coloré d'un magnifique sépia et sa structure infinie en ruban de Möbius, radicalisa l'expression maniériste au Japon et devint l'emblème du cinéma underground.
 
- Sex Zone (Sei chitai) , Japon/1968/72’/coul et n&b/35mm.
S'inspirant de l'histoire vraie d'une Geisha assassinée dans une ville réputée pour ses thermes, Adachi a forgé ici son style de prédilection, le documentarisme conceptuel, en narrant l'incident sur un ton monocorde. La même affaire qui, au début des Anges violés de Kôji Wakamatsu, échappait à tout principe de causalité, y est dépeinte comme un anti-spectacle singulier.
 
- Sex Game (Sei yûgi) , Japon/1968/71’/n&b et coul/35mm.
Sexualité de groupe, free jazz et influence du pop art. Un étudiant apolitique et deux combattantes des mouvements étudiants luttent, se livrent à des expériences sexuelles et réfléchissent à la restructuration des mouvements politiques. Un chef-d'œuvre du cinéma militant de 1968, filmé en pleine époque de lutte sociale sur les véritables barricades universitaires.
 
- Bande-annonce de La Pendaison (Kôshikei yokokuhen ; trailer for Death by Hanging) , Japon/1968/4’/coul/35mm.
Pour la sortie de La Pendaison de Nagisa Ôshima.
 
- Guérilla des étudiantes (Jogakusei gerira ; Female Student Guerrilla) , Japon/1969/73’/ n&b et coul/35mm.
Un groupe d’écoliers fait sécession. Prétexte à filmer la sexualité des adolescents, le film n’en résonne pas moins désormais avec certaines séquences du United Red Army de Kôji Wakamatsu. Pour fêter la fin de leur scolarité, cinq lycéens et lycéennes s'établissent une base en pleine montagne, s'y cloîtrent, puis se lancent dans une guérilla contre le lycée. La description de l'entraînement militaire dans le camp de montagne a préfiguré la lutte armée d'après 1968 qui mena à la naissance de l'Armée Rouge Japonaise.
 
- A.k.a Serial Killer (Ryakuso/Renzoku shasatsuma) , coréalisé avec Mamoru Sasaki, Masao Matsuda, Yû Yamazaki, Masayuki Nonomura, Susumu Iwabuchi. Japon/1969/89’/coul/35mm.
Un jeune assassin a commis quatre meurtres. Au son d’une musique expérimentale, Masao Adachi décrit attentivement les lieux et le contexte des crimes. A.k.a Serial Killer actualise la “Théorie du paysage” développée par Adachi et le critique Masao Matsuda : « tous les paysages que nous voyons au quotidien, et surtout les beaux paysages reproduits sur carte postale, sont fondamentalement liés à une figure du pouvoir dominant».
 
- Une femme révoltée (Sakarame/Mugen jigoku ; A Woman in Revolt/Dreams and Phantasms Hell) , Japon/1970/80’/coul et n&b/35mm.
Sixième film pink avec Atsushi Yamatoya pour tête d'affiche. Des problèmes d'héritage poussent un gérant de supermarché à commettre une série de meurtres. Le contraste entre l'homme indécis et les femmes indépendantes montrait de nouvelles possibilités de représentation de la femme pour les films pink à venir.
 
- Prière d’éjaculation (Funshutsu kigan/Jûgosai no baishunfu ; Gushing Prayer/Prayer of Ejaculation) , Japon/1970/72’/coul et n&b/35mm.
Quatre lycéennes, à travers leur prostitution volontaire, cherchent à comprendre ce qu'est le sexe en pratique et en théorie. Le film dépeint de façon remarquable le Japon desséché d'après 1968 en alimentant le scénario par le contenu d'authentiques testaments de jeunes suicidés.
 
- Armée Rouge/FPLP : Déclaration de guerre mondiale (Funsyutu kigan/Jugosai no baisyunfu ; Japanese Red Army/ PFLP : World War Declaration) , coréalisé avec Kôji Wakamatsu, Japon/1971/71’/coul/16mm.
Description de la lutte anti-impérialiste d’extrême-gauche en Palestine. Film essai sur la nécessité de la propagande comme contre-information résistant à la toute-puissance médiatique de l’impérialisme américain.
 
- Prisonnier/Terroriste (Yûheisha/Terorisuto ; Prisoner/Terrorist) , Japon/2005/113’/coul/Digital Betacam.
Film autobiographique qui retrace de façon allégorique l’expérience de l’auteur et celles de ses camarades, en particulier Kôzô Okamoto, devenu fou sous la torture. Masao Adachi y décrit le parcours tourmenté qui mène à l’engagement dans la lutte terroriste, les techniques de tortures en prison, une formation intellectuelle nourrie des idéaux de la Révolution française et d’Auguste Blanqui, beaucoup plus que de Marx et Lénine.
 
- Lettre vidéo (Video Letter) , Japon/2010/15’/coul/Digital Betacam.
Lettre aux spectateurs de la Cinémathèque française.
 

> Filmographies établie par Gô Hirasawa. Descriptifs de Nicole Brenez et Gô Hirasawa.
 
 
 
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