HOMMAGE À JEAN ROLLIN
De l’autre côté du miroir
 
Pionnier du cinéma fantastique français, initiateur d’une veine érotique et morbide dont il restât l’unique représentant, Jean Rollin lègue une œuvre inclassable et déconcertante qui a longtemps divisé. Loin des polémiques de naguère, la profonde nature surréaliste, libertaire et finalement généreuse de son cinéma s’impose désormais avec évidence. Se replonger dans ses films, c’est respirer le parfum délicieusement suranné de toute une époque disparue avec cet auteur poétiquement marginal : celle d’un cinéma bis aussi populaire qu’avant-gardiste.
 
Jean Rollin est passé de l’autre côté du miroir, disparu dans la somme de ses rêves, fantasmes et fictions, intériorisés ou exprimés, écrits ou révélés tout au long de sa vie, au fil des pages et de la pellicule. Un au-delà où le réel n’a plus prise, où seul subsiste l’imaginaire, tout puissant. Sa testamentaire Nuit des Horloges l’avait mis en images avec la plus touchante et poétique simplicité : c’est ainsi qu’il se représentait les choses le concernant. Constant dans sa vision, la mort dans ses films, omniprésente, n’a jamais été une fin, mais plutôt un de ces « To be continued » qui excitaient tant son imagination, lorsque enfant il dévorait les sérials américains dans l’obscurité des salles de cinéma. Ces mots magiques, qui relançaient à l’infini les aventures du Docteur Satan , du Cavalier miracle ou de La Femme panthère du Congo , ils les retrouvaient aussi dans les illustrés d’alors : Le Fantôme du Bengale , Mandrake le magicien, Amok et Fantax ... Chaque semaine, ils résonnaient comme une invitation au voyage, enthousiasmante, irrésistible, au pays des songes où tout est possible. « Tu as vécu la totalité de ton imaginaire pendant ton enfance. Maintenant tu n’as plus qu’à puiser dedans et en sortir ce dont tu as besoin » s’est-il un jour entendu dire.
 
Un surréaliste en terres fantastiques
 
C’est sans doute au Cinéac, une salle des abords de l’ancienne gare Montparnasse pour voyageurs en transit, aujourd’hui disparue, que sa démarche personnelle s’est cristallisée : les héros de l’écran, plus fantasques et rocambolesques les uns que les autres, voyaient leurs exploits entrecoupés d’officielles et sonores annonces de départs de trains pour des destinations le plus souvent inconnues du jeune spectateur, donc forcément insolites… Un collage surréaliste grandeur nature, une image typiquement rollinienne, fondatrice. De là vient aussi le grand malentendu. Jean Rollin est très tôt pétri de culture populaire. C’est un amoureux éclairé du cinéma fantastique qu’il découvre tout petit en étant marqué au fer rouge par les séquences gothiques du Capitaine Fracasse d’Abel Gance, et celles de La Maison de Frankenstein produit par Universal. Pourtant, il n’a jamais été un cinéaste de genre. La chose lui a été souvent injustement reprochée, lui qui n’eut droit aux honneurs de la revue de cinéma culte des années 60, Midi-Minuit Fantastique , que pour publier un passionnant texte fleuve sur Gaston Leroux, son auteur fétiche : on était alors en pleine bataille pour imposer la Hammer Films, Bava, Freda et quelques autres, toujours sujets à caution dans la grisaille de la France gaulliste. Quelle place dans ce contexte, pour ce cinéaste singulier qui vient de travailler à la réalisation d’un film dialogué par Marguerite Duras, L’Itinéraire marin, hélas perdu, et qui semble s’orienter désormais vers le film de vampire, domaine d’élection de la série B anglo-saxonne ? La profession – producteurs et distributeurs – a vite tranché en le classant dans le circuit du bis, ce qui acheva de brouiller les pistes quant à l’identité de ses films pour le moins déstabilisants : on imagine la mine circonspecte du spectateur du Brady, célèbre salle de quartier parisienne spécialisée dans l’épouvante, passant des naïfs exploits lycanthropiques de l’espagnol Paul Naschy, aux virginales vampires dénudées de Rollin, ces petites « fleurs du mal » toutes baudelairiennes.
 
Un reproche injuste donc, car rétif à toutes règles et d’abord à celles qui fondent les genres, son cinéma est néanmoins fondamentalement, viscéralement fantastique : à l’instar de celui de Franju et Buñuel – ses maitres, pour lesquels il a travaillé sur des projets avortés – il révèle une autre dimension du réel, cachée sous le confortable vernis des apparences. Absurdes, illogiques, surnaturels, insolites, décalés dans l’humour, poétiquement morbides et érotiques, tour à tour excitants et hypnotiques, voire léthargiques, les films signés Rollin sont tout cela de manière revendiquée, car ils relèvent d’abord du surréalisme. Non par dandysme, coquetterie ou simple manifestation de goût comme beaucoup d’autres, mais par essence. Ce mouvement intellectuel et esthétique majeur n’est rien moins pour lui qu’une part d’enfance concrète et intime : grand ami de sa mère, l’écrivain George Bataille venait souvent à la maison et devint même un véritable père de substitution.
 
Le Viol du vampire, son premier long-métrage avec sa structure en deux parties reprise récemment pour son ultime opus, Le Masque de la méduse, n’est-il pas une sorte de projection sur l’écran des envolées enthousiastes de Bataille, Breton et consort à propos de Fantômas de Louis Feuillade ? Elliptique à l’extrême, le film ne semble plus qu’être un gigantesque collage de coups de théâtres désuets dignes des vieux serials du Cinéac, ainsi mis à nus jusqu’à l’absurde. Ne subsistent alors plus que des images fortes, structurantes, magnifiées par un noir et blanc expressionniste, à la poésie onirique libérée, décuplée : un duel à l’épée, la nuit, dans un cimetière éclairé à la bougie, écho lointain du Capitaine Fracasse de Gance ; un jeu de quilles balloté par les vagues, image singulière dans le droit fil de celle proposée par Ernest Moerman dans son court métrage surréaliste de 1937, Monsieur Fantômas , avec cette femme qui tape à la machine, les pieds dans l’eau, alors que la mer monte jusqu’à l’avaler...
 
La fascination des images insolites
 
Des images comme celles-ci, de toute beauté, la filmographie rollinienne en a offert à foison : les ombres inquiétantes sur les murs de Paris de ces hommes à visages d’animaux, curieux gardiens du Club des suicidés de La Vampire Nue qui semblent tout droit sortis du bal de Judex ; les apparitions d’Isolde, suceuse de sang aux penchants saphiques du Frisson des vampires, tantôt sortant d’une horloge, d’un puits, ou descendant tel un père Noël d’une cheminée ; un clown déposant un gerbe de fleurs sans plus d’explications dans le silencieux cimetière qui voit se perdre le jeune couple de La Rose de fer ; la sculpturale Brigitte Lahaie, attirante et effrayante à la fois, une faux à la main dans Fascination, véritable Mort incarnée façon Eros et Thanatos fusionnés ; Ovidie déambulant nue au cours de La Nuit des Horloges parmi les enfilades de pièces du Musée des écorchés à Florence, éclairée par une vacillante lampe à pétrole qui laisse affleurer tout l’insolite naturaliste des corps exposés... Ou celle-ci, peut-être la plus belle de toute, comme une réminiscence des émotions jadis vécues au Cinéac, exprimée en 1975 dans l’un de ses films les plus aboutis, Lèvres de Sang : l’apparition d’une énigmatique jeune femme vampire dans l’obscurité d’une salle de cinéma au public clairsemé, dans l’embrasure d’une porte située sous l’écran, prélude à une irréelle nuit de déambulation dans un Paris à l’inquiétante étrangeté pour le héros qui soudain l’aperçoit…
 
Et puis, il y a ces images récurrentes, rituelles, qui sont autant de passages secrets reliant les films les uns aux autres. Celle des ces jeunes femmes vierges et vampires, dont les évanescents déshabillées colorées révèlent la nudité. Femmes-enfants dont la pureté contraste avec le macabre des cimetières, cavernes, sous-sols où elles évoluent à la nuit tombée, souvent par deux : les jumelles de La Vampire Nue et de Lèvres de Sang, les servantes du Frisson des vampires, les sœurs pourchassées des Démoniaques, les Deux Orphelines vampires… Née de la contrainte d’un quota de scènes sexy imposée par les producteurs, cette image-clef est vite devenue une véritable obsession en forme de signature pour le cinéaste. Une manière de prolonger le travail de ses peintres de prédilection, Magritte, Paul Delvaux, et surtout Clovis Trouille dont l’imagerie semble avoir irrigué toute l’esthétique rollinienne : même conception hallucinée de l’érotisme, mêmes thématiques provocantes, volontiers libertaires – les bonnes sœurs frappadingues de La Fiancée de Dracula. On peut être frappé ici de voir à quel point, Jean Rollin, par son refus d’une représentation de la sexualité explicite, était finalement l’opposé de Michel Gentil, pseudo sous lequel il signa ses films X alimentaires.
 
L’inévitable séquence tournée sur la plage de Pourville-les-Dieppe a finit par devenir quant à elle une sorte de rime dans ce long poème visuel qu’est la filmographie rollinienne. Une plongée à l’écran dans un monde parallèle, constant, fixé dans le mouvement perpétuel du sac et du ressac des vagues heurtant d’anciennes poutrelles de bois qui émergent de la surface de l’eau comme autant de souvenirs d’un temps révolu. C’est l’image mentale d’un au-delà, que l’on retrouve telle quelle, inchangée, de son premier court-métrage en 1958, Les Amours jaunes, une évocation du poète Tristan Corbière, à La Fiancée de Dracula en 2002.
 
collection Jean Rollin Véronique D.Travers©®
Pourville-les-Dieppes, la plage fétiche où Jean Rollin aimait tant tourner ses films…
 
Fiévreuses improvisations collectives
 
Jean Rollin était fier de rappeler qu’avec le tournage du Viol du vampire, chaque membre de l’équipe avait réalisé son premier film, dans une fièvre créatrice où l’improvisation l’emportait. Manière de redonner son sens original et sa grandeur au mot « amateur », littéralement : « celui qui aime ». Cette démarche de création spontanée, il l’a radicalisée par la suite pour l’écriture de certains de ses films. Le script de Requiem pour un vampire par exemple a été rédigé en mode automatique, par images mentales successives et associations d’idées, sans souci de logique autre que celle des rêves : deux jeunes femmes s’évadent d’une maison d’éducation surveillée, déguisées en clowns, et se cachent dans un cimetière ; l’une d’elle est enterrée vive par erreur, puis sauvée, repart avec son amie pour atterrir dans un château où vivent des vampires et leur servante, une pianiste qui joue pour les morts parmi les tombes… Avec Le Frisson des vampires qui le précède d’un an en 1970, ce Requiem forme un diptyque aussi psychédélique que dadaïste. Volontiers nonsensiques et outranciers, situationnistes à bien des égards, dominés par d’étonnants collage de plans monochromiques, pops par leurs bandes-sons façon Pink Floyd tendance Syd Barrett, ces films sont vite devenus cultes pour les tenants de la contre-culture. Par la suite, avec Les Raisins de la mort en 1978, Jean Rollin renonça carrément à tout découpage.
 
 
On comprend dans ce contexte que ses tournages soient devenus une affaire de famille, unie dans un même élan artistique pour le meilleur et pour le pire. Inlassablement, les mêmes noms viennent et reviennent au générique de ses films : l’ami de toujours, le journaliste Jean-Pierre Bouyxou, souvent acteur chez lui, les mémorables jumelles Cathy et Pony Castel, Brigitte Lahaie qu’il fit sortir du ghetto du X, Jean-Loup Philippe, le héros aux émotions contenues qui apparait dès L’Itinéraire marin, Bernard Charnacé, l’alter ego du cinéaste à l’écran ses dernières années, sa propre femme, Simone Rollin, qu’il fit tourner sur le tard, notamment dans le rôle de la Gorgone pour Le Masque de la méduse, sans oublier les fidèles techniciens… Il fallait bien une équipe soudée pour saisir la cohérence des idées bizarres du cinéaste, les défendre contre les producteurs hostiles de passage, et finir par les mettre en boîte. C’était d’autre part un avantage certain, lorsque débarquaient des villageois toutes fourches sorties, furieux de voir le cimetière local transformé en un lieu de tournage où les actrices se promenaient nues parmi les sépultures…
 
collection Jean Rollin Véronique D.Travers©®
Tournage du Masque de la Méduse: Simone Rollin, la Méduse, et Bernard Charnacé, le collectionneur.
 
Ce qui se passait sur le plateau comptait finalement tout autant que ce qui était fixé sur pellicule. On lui a longtemps reproché sa direction d’acteur hasardeuse, ses castings hétéroclites où se mêlaient professionnels et amateurs. Mais Jean Rollin se moquait bien qu’on jouât juste, lui qui ne cessait de repousser le cinéma vers les limites de l’irréalité, de traquer l’étrange réversibilité des apparences. L’un de ses premiers soutiens, Maurice Lemaître, le fondateur du mouvement lettriste, parle faux dans la vie : à la bonne heure, il sera parfait dans le rôle de l’infâme Radamante qui séquestre La Vampire nue ! Un acteur dépourvu d’expérience manque de technique ? Tant mieux, les émotions qu’il exprimera seront autant de fulgurances spontanées à vivre collectivement sur le plateau, grandeur nature, avant d’être filmées. Et il est frappant de voir que ses acteurs les plus expérimentés – Jean-Loup Philippe, Jacques Robiolles, Bernard Charnacé… – trouvent tous chez lui cette étrange diction qui participe de l’identité des films. Rollin a été formé par la Cinémathèque de Langlois pour le cinéma et la librairie de l’éditeur surréaliste Eric Losfeld pour la littérature : inévitablement, ses livres abordent des genres ou des sujets propres au 7ème art, quand ses personnages de cinéma s’expriment comme des héros de romans déclamant des poèmes. C’est le ressort tragique de son univers : tout s’improvise joyeusement, le rêve à l’écran est une matière en train de se faire, mais les personnages ont bien conscience qu’en ce qui les concerne les choses sont écrites d’avance.
 
collection Jean Rollin Véronique D.Travers©®
Sur le tournage de La Nuit des horloges
 
L’idée même de cette recherche d’une création expérimentale tourne le dos à l’idéal classique de perfection. Et les budgets indigents, les contraintes stylistiques du cinéma d’exploitation et les conditions de tournages parfois sidérantes qu’il a dû subir l’en ont sans doute parfois éloigné davantage qu’il n’aurait fallu. C’est évidemment la limite de sa démarche qui supposait nombre de compromis à la périphérie pour ne pas transiger sur l’essentiel. Mais peut-on dire pour autant comme on l’a encore lu récemment, qu’il était un « pape de la série Z », un sympathique « Ed Wood français » sans risquer le contresens absolu ? Faire peu ou prou pendant plus de quarante ans exactement les films qu’on souhaite faire, en luttant contre vents et marrées – des financiers jusqu’à la maladie qui lui imposa d’éreintantes séances de dialyse en plein tournage – cela suppose sans doute en effet un petit peu plus de rigueur qu’on ne l’imagine… Et cela suppose aussi une foi qui n’est pas celle d’un naïf, mais d’un authentique utopiste, rebelle et anarchiste.
 
Les fantômes de la mémoire
 
Au-delà de ses audaces formelles, Jean Rollin a composé une œuvre personnelle qui l’a imposé comme un auteur, tant par ses livres, ses scripts que par sa mise en scène. Y compris parfois dans les films qu’il refusait de signer de son nom – il suffit de revoir quelques uns de ses pornos comme Phantasmes en 1975 ou Le Parfum de Mathilde, coréalisé avec Marc Dorcel en 1992, pour y retrouver les traces de sa sensibilité singulière. Ses budgets fauchés l’ont toujours incité à se dépasser, et notamment à se mettre en quête de lieux bien réels, tous plus insolites les uns que les autres. On songe à l’étrange donjon du village de Septmonts dans l’Aisne pour Le Frisson des vampires, aux impressionnantes ruines médiévales trouvées dans le Périgord pour Lèvres de sang. On songe également au monumental château de Rochemort, construit pour le Kaiser dans un style Louis II de Bavière par un espion allemand qui avait parié sur la défaite de la France en 1918 : une erreur historique qui laissa le château inhabité jusqu’à ce que les protagonistes de La Vampire nue ne s’en emparent… Mais c’est sans doute avec l’immense cimetière d’Amiens, lieu quasi unique du tournage de La Rose de fer, que ce gout des vieilles pierres consubstantiel de l’esthétique rollinienne prend tout son sens. Un jeune couple s’y voit littéralement happé une nuit par les fantômes implicitement suggérés par ce lieu de mémoire. Métaphore douce amère sur les vicissitudes du couple autant qu’ode poétique à la beauté de la mort, on peut voir là mis en images ce qu’annonçaient déjà les paroles d’Isolde dans Le Frisson des vampires : « C’est ici que ceux qui se croient vivants pratiquent le culte de la mort. C’est ici que ceux que l’on croit mort pratiquent le culte de la vie. » Rarement cimetière fut si bien filmé, au point de devenir un véritable personnage, le plus important du film : la matérialisation de cette abstraction que l’on nomme mémoire et qui est finalement le grand thème du cinéaste.
 
C’est un souvenir d’enfance qui en effet retient Ise dans le château de ses cousins dans Le Frisson des vampires. C’en est un autre qui obsède Jean-Loup Philippe dans Lèvres de sang et le mène finalement à sa sœur enterrée vive. C’est l’absence de mémoire immédiate qui assimile à l’horreur zombie les malades parqués à la Défense, dans les tours glacées de La Nuit des traquées. Dans Le Masque de la Méduse, la gorgone devient une cousine éloignée du vampire qui plutôt que de sucer le sang des vivants, aspire la mémoire de ses victimes en les pétrifiant. Une « buveuse d’âme » pour reprendre l’expression de Jean Lorrain, un auteur décadent français de la fin du XIXème siècle que le cinéaste affectionnait tout particulièrement. La Nuit des horloges quant à elle, n’est rien d’autre qu’une nuit des souvenirs qui fait voler en éclat toute notion d’espace et de temps, et où Jean Rollin s’interroge de manière mélancolique sur ce qu’il va transmettre. Dans cet opus-ci, les films eux-mêmes se comportent comme des entités vivantes qui se rappellent les unes des autres et dialoguent entre elles via le collage d’anciennes et de nouvelles séquences. Manière de prolonger les jeux de citations introspectifs d’hier – Perdues dans New-York – et les prolongements de motifs d’avant-hier – le clown des premières années qui revient d’un film à l’autre.
 
C’est peut-être là le secret de l’œuvre rollinienne. Citizen Kane avait son « Rosebud », Jean Rollin, lui, n’a jamais cessé de traquer le souvenir de ce que son regard surréaliste avait peut-être aperçu, caché dans l’embrasure d’une porte imaginaire sous l’écran du Cinéac. Au terme de cette quête, il est finalement passé de l’autre côté du miroir. « Là où Errol Flynn emmène Micheline Presles à la fin de La Taverne de la Nouvelle-Orléans, là où va la barque qui emmène Stewart Granger au large de Moonfleet, là où se dirigent par les toits les enfants insurgés de Zéro de conduite, où les colombes des Yeux sans visage guident Edith Scob, où dansent les amants de Dark Passage, au bout de la route qui entraine Chaplin et Paulette Godard loin des Temps modernes » suggère la voix off de Perdues dans New-York. Quelque part à l’intérieur d’une horloge sonnant les douze coups de minuit, et dont le double fond révèle un mystérieux passage… Dernière séquence au sein du labyrinthique cimetière du Père Lachaise, où errent les fantômes de ses personnages et où lui-même désormais repose. Un ultime plan de la plage de Pourville-les-Dieppe qui résonne du son des vagues et du chant des mouettes. Fondu au noir. Bon voyage Monsieur Jean Rollin.
 
Nicolas Stanzick
 
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